Le saviez-vous ?

La DME

Tout d’abord, qu’est-ce que la DME ?

La DME c’est, littéralement, la Diversification alimentaire Menée par l’Enfant, soit une pratique alimentaire qui invite le parent à laisser son enfant expérimenter sa propre façon de manger. Autrement dit, l’enfant apprend à manger seul, en toute autonomie. La grande différence qu’il y a entre la DME (parfois aussi appelée alimentation autonome) et une alimentation traditionnelle, c’est que l’on va proposer à son bébé d’ingérer dès le début des aliments solides, sous forme de morceaux, par opposition aux purées habituelles. Le principe est de faire découvrir à l’enfant une manière saine et solide qui lui soit agréable (car trop d’enfants développent des blocages alimentaires qui mènent à des situations de conflit ou de forçage), amusante et sans danger. L’idée est donc d’introduire une alimentation solide plus précocement que d’habitude (excellent pour le développement des mâchoires et la sortie des dents). Cette alimentation solide se fait en complément du lait. L’enfant devra alors se saisir du ou des morceaux par lui-même (de la taille de son poing fermé voire un peu plus gros) et à son rythme. Voilà pourquoi on parle de pleine conscience.

Les prérequis pour pratiquer l’alimentation autonome avec son enfant

Bien que la DME ait le vent en poupe, il est important de se renseigner pour savoir si l’on peut la pratiquer avec son enfant, car elle n’est pas adaptée à tout le monde. Voici 3 indices pour vous permettre d’estimer si cela est adapté ou non pour vous et votre enfant.

1/ L’âge de l’enfant

 Eh oui, on n’introduit pas cette forme d’alimentation à n’importe quel âge. C’est un facteur susceptible de vous empêcher de commencer à donner des aliments solides à votre enfant si celui-ci n’est pas assez « grand » (développé, mature). Concrètement, il doit être en mesure de s’asseoir tout seul si vous souhaitez pouvoir pratiquer la DME avec lui. Cela revient à dire qu’il doit avoir au moins 6 mois. Pourquoi ?
➜ parce que c’est à partir de cet âge que les enfants sont capables de saisir et de mettre à la bouche la nourriture eux-mêmes
➜ parce qu’à 6 mois, un bébé contrôle les mouvements de sa tête
➜ parce que l’OMS recommande l’introduction de morceaux à partir de 6 mois seulement.
➜ parce que, vers 6 mois, le bébé est capable de tenir seul en position assise avec appui par lui-même, ce qui est primordial pour une ingestion correcte des aliments. Il ne doit pas se pencher en avant sinon c’est qu’il n’est pas prêt.

2/ L’acceptation au changement

Ce qu’il faut retenir, en tant que parents qui souhaitez pratiquer la DME, c’est que vous devrez vous adapter et apprendre à lâcher prise, parce que débuter l’alimentation autonome avec son enfant, c’est avant tout une question de transition. Il faut être prêt à accepter le changement.
Face à la pratique de la DME, les praticiens se sont aperçus que beaucoup de parents échouaient, car ils n’étaient tout simplement pas prêts. En effet, laisser son enfant manger seul peut faire peur à beaucoup de parents, et notamment face au risque d’étouffement. Ainsi, au premier « incident », certains décident de tout arrêter. Et cette peur est légitime ! Personne n’a envie de voir son enfant s’étouffer. Toutefois, s’il y a bien une règle à retenir lorsqu’on laisse son enfant en autonomie alimentaire, c’est de savoir garder confiance en lui et en vous-même en adoptant une attitude de lâcher-prise. C’est à dire: accepter le changement et admettre que rien n’est parfait. Au début, vous passerez plus de temps à ramasser les à-côtés qu’à applaudir les exploits de votre bébé !
Vous serez peut-être également amené à changer vos habitudes de vie (du type organisation, matériel, gestion du temps…).

3/ La santé de l’enfant

Avant de faire introduire des aliments solides à votre enfant, veillez à ce qu’il soit en bonne santé générale et qu’il ne présente pas de contre-indications du type troubles de la coordination, troubles de la digestion, retard ou encore malformation de la bouche. Cela aurait pour conséquences d’alourdir l’expérience alimentaire et d’être dangereux pour l’enfant lui-même. Pour cela, n’hésitez pas à consulter un pédiatre et à lui parler de votre démarche. Il pourra même éventuellement vous donner des conseils.

Les avantages de la DME

Au-delà d’une simple pratique, la DME peut être bénéfique pour le développement global de l’enfant, car elle l’invite à : mieux gérer sa motricité (fine, en particulier) ;être plus autonome ;
s’éveiller et développer tous ses sens (le toucher, la vue, l’odorat, le goût, l’ouïe) de par sa propre participation ; prendre confiance en ses capacités

1/ Favorise la motricité fine

Contrairement à une purée, les aliments solides incitent l’enfant à la manipulation, car ils sont servis dans leur forme la plus brute. Prenez l’exemple d’une carotte : en DME, vous la présenterez en morceaux (souvent cuits à la vapeur). Le bébé aura alors l’occasion de voir à quoi cela ressemble, mais, surtout, il pourra la toucher, l’écraser avec ses doigts, la mettre à la bouche, etc. Lorsque l’enfant découvre seul la nourriture, il accélère le développement de ses capacités motrices et notamment la coordination oeil-main et main-bouche, nécessaires à son bon développement.

2/ Encourage l’éveil et le développement

L’autre avantage à pratiquer la DME est l’éveil. Les fruits et légumes sont d’excellents outils pour faire découvrir les couleurs, les odeurs, les textures et les formes. Chaque aliment offre une expérience à part et unique, ce qui permet d’élargir les possibilités d’exploration.

D’ailleurs, à leur contact, l’enfant est stimulé par :
➜ Le visuel : l’orange, le vert, le jaune, le violet, le rouge…. c’est toutes les couleurs de l’arc-en-ciel qui sont représentées. Présenter une assiette avec de la betterave, du concombre, des pois chiches écrasés et des fruits rouges en dessert, c’est beaucoup plus attrayant qu’une bouillie n’est-ce pas ?
➜ Le goût : entre l’acidité, l’amertume, le sucré et le salé des aliments, l’enfant a de quoi aiguiser son palais. Certains goûts sont assez puissants et d’autres plus doux. Toute cette variété est stimulante pour un enfant.
➜ Le toucher : très important en DME, le toucher s’expérimente sous plein de formes. Saisir entre les doigts, écraser, déplacer, superposer, mettre à la bouche… Tous ces gestes sont aussi bénéfiques pour l’apprentissage.
➜ L’odorat : qui n’a pas souvenir de l’odeur réconfortante d’un plat de son enfance ? L’odorat est un sens très stimulant. C’est une manière d’influencer les préférences dès le plus jeune âge, alors autant diversifier les aliments !
➜ L’audition : aussi surprenant cela, l’ouïe peut aussi entrer en jeu. Le bruit d’un morceau de pomme que l’on croque, d’un avocat que l’on mâchouille ou les feuilles de salade que l’on découpe… Tout est prétexte à attirer l’attention.

 

3/ Accompagne l’autonomie

L’autonomie est un processus qui doit être encouragé dans l’éducation de l’enfant. D’ailleurs dans votre quotidien, vous incitez sûrement votre enfant à « faire seul », que ce soit au travers du jeu, de l’habillage/déshabillage ou de votre manière de communiquer. Alors, pourquoi ne pas le faire à l’heure du repas ?
Votre bébé y gagnera en indépendance et en assurance. Le principe est de montrer à sa progéniture qu’on est là, mais qu’on le laisse manger seul. Alors, naturellement il prendra confiance en lui, car il aura cette liberté d’avancer à son rythme et d’expérimenter ses propres découvertes.

 

4/ Encourage la diversité alimentaire

On le sait tous, les enfants et les légumes, ce n’est pas toujours une grande histoire d’amour. En pratiquant la DME dès le plus jeune âge, vous augmentez considérablement vos chances de faire aimer à votre petit les brocolis ou les courgettes (en somme, tout ce qui est vert) car, à l’âge de 6 mois, l’enfant va explorer ses sens et les légumes seront comme un jeu pour lui, car il va toucher, observer, goûter, mais aussi mémoriser ! S’il prend du plaisir à découvrir son alimentation, il retiendra mécaniquement une expérience positive qu’il associera aux aliments, dont les légumes.

5/ Respecte ses signaux de faim plus naturellement

Le bébé mange à son rythme et à sa faim et s’arrête lorsqu’il n’a plus faim. Alors que lorsqu’on le nourrit à la cuillère, il peut parfois être tentant de le forcer à manger plus.

Les inconvénients de la DME

Bien sûr, comme pour tout, la DME possède aussi des inconvénients dont 2 en particuliers qui sont le ménage et le temps.
Le nettoyage car un bébé qui mange seul est un bébé qui en met partout. Entre les aliments qu’il essaie d’attraper, mais qui finissent par terre, les fruits qui tachent les vêtements ou les écrasés de légumes qui recouvrent littéralement le visage voire les cheveux, votre enfant risque de vous en faire voir de toutes les couleurs.
Le temps car si vous êtes d’un naturel pressé ou que les moments de repas doivent être rapides, alors la DME n’est peut-être pas faite pour vous. Lorsqu’on décide de laisser son enfant s’alimenter de manière autonome, il faut être prêt à patienter. On ne vous l’apprendra pas, les enfants prennent leur temps. Il faut dire qu’il y a tellement de terrains à explorer, tout est propice à la découverte. Et manger ne fait pas exception à la règle.

Si le temps est une contrainte pour vous, mais que vous souhaitez quand même pratiquer la DME, ne vous inquiétez pas, il y a des solutions. Par exemple, vous pouvez introduire la DME les jours où le planning est plus light ou flexible (seulement le week-end ou au goûter) et laisser un temps d’exploration à votre enfant.
Enfin, notez qu’avec la diversification alimentaire menée par l’enfant, il n’y a pas de règles à proprement parler. Faites comme vous le pouvez tout en faisant attention à respecter les besoins de votre enfant.

Avec la DME, il y a également un risque de gaspiller plus de nourriture. L’idéal est donc de lui offrir de petites quantités à la fois.

 

Aliments que l’on peut proposer en DME

La première fois, il sera étonné de se retrouver avec peut-être un morceau un peu gros dans la bouche et, spontanément, il le conservera dans la moitié antérieure de la bouche et vous regardera pour voir votre réaction : vous le rassurerez alors, en lui expliquant que tout va bien et, s’il le faut, vous pourrez l’aider à retirer un petit bout, au calme, sans montrer la moindre anxiété qui pourrait lui faire peur. De la même manière, au début il vaut mieux éviter les petits morceaux de type grains de maïs, raisins, tout ce qui est petit et dur.

exemple d’aliments à proposer:
artichaut, asperge, aubergine, bette, betterave rouge, céleri en branche, chou de bruxelles, potiron, pousse de navet, rhubarbe, concombre mûr, laitue, avocat mûr, tomate, poivron doux, abricot mûr, banane mûre, mangue, pastèque, pêche, poire mûre, pomme mûre, mandarine, orange, ananas, figue, framboise, fromage type comté ou hollandais, agneau, bœuf haché qui se tient, foie gras, pâté, pain complet grillé ou riche en fibres, pain d’épices, couscous, quinoa, macaroni, nouilles, riz qui se tient, spaghettis bien cuits, haricots rouges, biscuit, glaces.

La règle est simple: vous restez toujours à côté de lui, il saisit l’aliment par lui-même, le rejette s’il n’en veut pas mais, dans tous les cas, il découvre par lui même. Au début tout doit se faire dans le calme, évitez qu’une autre personne (adulte ou enfant) soit présent et détourne son attention. S’il le faut, empruntez-lui un morceau, et introduisez-le dans votre bouche, l’air de rien. Ensuite, il vous regardera et vous imitera. Surtout, ne lui mettez jamais vous même dans la bouche.